3.
Woodbane

 

Litha, 1998

 

À cette période de l’année, je me sens toujours triste. Triste et en colère. C’était pour Beltane qu’on avait formé notre dernier cercle, mes parents et moi. À l’époque, j’avais huit ans, Linden, mon frère, en avait six et Alwyn, ma sœur, quatre. Je me souviens de nous trois, assis en compagnie des autres enfants du coven. La chaleur du mois de mai tentait de s’imposer, de chasser le froid mordant d’avril. Autour du mât de cérémonie, les adultes riaient et buvaient du vin tandis que nous dansions en agitant nos rubans pastel pour invoquer la magye. C’était il y a huit ans.

J’avais senti la magye en moi, en toute chose. J’étais tellement impatient que devoir attendre d’avoir quatorze ans pour me faire initier me paraissait un supplice. Je me souviens du coucher de soleil, des reflets flamboyants dans les cheveux de maman. Papa la serrait dans ses bras, ils s’embrassaient. L’air crépitait de vie, tout resplendissait de lumière, d’extase et de bonheur.

Et sept semaines plus tard, juste avant Litha, maman était partie, papa aussi, tous deux disparus sans laisser de traces, sans un mot, même pour nous, leurs enfants. Ma vie en a été bouleversée. Mon âme s’est tordue, s’est recroquevillée sur elle-même.

Aujourd’hui, j’ai seize ans. Me voilà sorcier, et presque adulte. Pourtant, au plus profond de moi, mon âme est toujours aussi torturée. Même si depuis j’ai appris la vérité, je suis toujours en colère, peut-être plus que jamais. En sera-t-il ainsi éternellement ? Seule la Déesse peut le dire.

 

Gìomanach

 

 

* * *

 

 

Après le déjeuner, alors que j’étais dans ma chambre en train de me tresser les cheveux, j’ai su que Cal arrivait. Et j’ai souri. Je me suis concentrée pour déployer mes sens et j’ai repéré mes parents dans le salon, ma sœur dans la salle de bains et Cal qui s’apprêtait à appuyer sur la sonnette. Je me suis précipitée en bas, mais ma mère a été plus rapide que moi et a ouvert la porte.

— Bonjour, Cal.

Elle l’avait déjà rencontré une fois, lorsqu’il était venu me voir quand Bree m’avait cassé le nez en m’envoyant un ballon de volley en pleine figure. Je savais qu’elle en profitait pour l’inspecter sous toutes les coutures.

— Bonjour, madame Rowlands, a répondu Cal. Est-ce que Morgan… Oh, la voilà !

Nos regards se sont croisés et nous nous sommes souri comme des idiots. Je ne pouvais pas cacher à quel point j’étais contente de le voir, pas même à ma mère.

— À plus tard tout le monde, ai-je lancé avant de me précipiter vers la voiture de Cal.

— Toujours partante pour aller à Magye Pratique ? s’est-il enquis en démarrant.

— Bien sûr !

Dès que la maison a été loin dans le rétro, Cal s’est arrêté sur le côté de la route et m’a prise dans ses bras pour m’embrasser.

— Ça va ? m’a-t-il demandé ensuite. Tu as découvert quelque chose dans le Livre des Ombres ?

— Pas encore… Ta mère n’est pas fâchée que je l’aie pris ?

— Pas du tout. Elle sait qu’il te revient. D’ailleurs, elle aurait dû t’en parler avant. Qu’est-ce que tu veux, elle a l’habitude de tout contrôler. En tant que grande prêtresse, elle a toujours aidé les autres à résoudre leurs problèmes. Du coup, elle veut parfois faire le bien des gens malgré eux.

— Je comprends. Je pense juste que, là, ce n’était pas son affaire.

Un éclair de surprise a illuminé les yeux de Cal.

— T’es drôle, Morgan. D’habitude, tout le monde admire ma mère pour son pouvoir et sa puissance. Les gens lui déballent leurs soucis et veulent se rapprocher d’elle le plus possible. C’est rare que quelqu’un s’oppose à elle.

— Oh ! je l’aime beaucoup quand même, ta mère, ai-je répliqué, de peur d’avoir été trop dure. En fait, je…

— T’inquiète pas, m’a-t-il coupée. Ça change. Tu veux agir comme tu l’entends et tu ne te laisses pas faire. Tu sais, tu n’en es que plus intéressante.

Je n’ai pas su quoi répondre, et je me suis sentie rougir.

— J’adore tes cheveux, a-t-il murmuré en entortillant ma longue natte entre ses doigts. Tu as une chevelure de sorcière.

Il m’a adressé un petit sourire en coin et a redémarré.

Je devais ressembler à une tomate, mais je me sentais bien, heureuse et forte. Dehors, les nuages s’étaient assombris et avançaient dans le ciel comme des limaces grisâtres. Le temps qu’on arrive à Red Kill, de gros flocons de neige fondue s’étaient mis à tomber et avaient tout recouvert d’une pellicule poisseuse.

— Cal, il y a quelque chose que je voulais te dire : l’autre jour, j’ai suivi Bree après les cours. J’avais l’intention de m’expliquer avec elle une bonne fois pour toutes.

— Ah bon ?

— Oui et, au lieu de ça, j’ai découvert qu’elle et Raven avaient rendez-vous avec Sky.

— Avec Sky ?

— Ouais, la sorcière blonde que j’ai croisée hier soir chez ta mère.

Celle qui est si belle, ai-je ajouté intérieurement, un peu jalouse. Même si je savais que Cal m’aimait, qu’il m’avait choisie moi et aucune autre, je manquais encore de confiance en moi. Surtout devant des jolies filles. Lui était si beau, avec ses yeux dorés et son corps parfait, alors que moi, j’étais si… si peu parfaite.

— Enfin bref, j’ai vu Sky avec Bree et Raven. Je parie que c’est elle, la sorcière de sang de leur coven.

Il n’a pas répondu tout de suite, comme s’il réfléchissait à cent à l’heure.

— Oui, c’est bien possible, a-t-il finalement admis.

— Sky, elle est… maléfique ? lui ai-je demandé, ne sachant pas si c’était le bon mot. J’ai l’impression que tu ne l’aimes pas et que tu n’aimes pas Hunter non plus. Est-ce qu’ils sont… euh… du côté obscur ?

J’avais eu du mal à finir ma phrase : dit comme ça, ça semblait ridicule.

Cal a éclaté de rire.

— Le côté obscur ? Tu regardes trop la télé, Morgan ! La Wicca n’a pas de mauvais côté. C’est comme un grand cercle qui englobe tout ce qui est magyque. Toi, moi, le monde entier, Hunter, Sky… absolument tout. Nous sommes tous liés.

J’étais perplexe. Comment pouvait-il affirmer une chose pareille alors qu’il les avait fusillés du regard ?

— Pourtant, hier soir, j’ai bien senti que vous vous détestiez, ai-je insisté.

Il a haussé les épaules et s’est engagé dans la rue principale de Red Kill pour chercher une place. Après quelques minutes de silence, il a fini par m’expliquer :

— Parfois, on rencontre des gens qu’on ne supporte pas, c’est tout. Je connais Hunter depuis plusieurs années et on ne s’entend pas.

Il a ri, comme si ce n’était guère important.

— Je n’y peux rien, Morgan, tout m’énerve chez ce mec, et c’est réciproque. C’est comme ça, même si ça peut te paraître puéril. Il ne m’inspire pas confiance.

Cal s’est garé et a coupé le moteur.

— Et cette histoire de grand cercle, alors ? Comment peut-il t’énerver autant si nous sommes tous liés ? ai-je insisté.

— C’est juste que… a-t-il commencé avant de secouer la tête. Laisse tomber. Parlons d’autre chose.

Il est sorti de voiture et s’est élancé sous la neige. J’allais l’interpeller, puis je me suis ravisée. Pourtant, cette conversation me paraissait importante. Hunter et Sky m’avaient tous deux fait un drôle d’effet, et je n’arrivais toujours pas à savoir pourquoi. Enfin, si Cal ne voulait plus en parler, il fallait que je l’accepte. Moi aussi, il y avait des sujets que je préférais ne pas aborder avec lui. Je me suis dépêchée de le rattraper.

— C’est vraiment dommage que tu ne possèdes rien d’autre de ta mère, a déclaré Cal tandis qu’on se dirigeait vers la boutique, nos cols remontés pour nous protéger du froid. Comme les outils de son coven : l’athamé, la baguette ou même la tunique qu’elle portait. Ce serait formidable si tu pouvais les retrouver.

— J’aimerais bien, mais j’imagine que tous ces objets ont disparu depuis longtemps.

Cal a poussé la lourde porte en verre de Magye Pratique. Une vague d’air chaud chargé d’encens a déferlé sur nous. Nous avons tapé des pieds pour retirer la neige de nos chaussures et j’ai enlevé mes gants. J’ai souri tout en commençant à inspecter les titres des livres sur les rayonnages. J’adorais cet endroit. J’aurais pu y passer la journée. J’ai jeté un œil vers Cal, qui lui aussi était plongé dans les bouquins.

Alyce et David parlaient à des clients dans l’arrière-salle. Mes yeux sont allés directement de David – qui avait des cheveux courts et grisonnants, un visage juvénile et des yeux perçants – vers Alyce. Je m’étais sentie proche d’elle dès le premier jour. C’est elle qui m’avait raconté l’histoire tragique de ma vraie mère.

— Tu l’as lu, celui-là ? m’a demandé Cal, m’interrompant dans mes pensées.

Il me tendait un livre intitulé Jardins magyques.

— Ma mère l’a et elle s’en sert tout le temps, m’a-t-il appris.

— Ah bon ?

Intriguée, je lui ai pris le livre des mains. Je ne me souvenais pas de l’avoir vu dans la bibliothèque de Selene. Ce qui ne voulait rien dire : elle comptait tant de livres ! En le feuilletant, j’ai constaté qu’il expliquait comment organiser un jardin aromatique pour que les propriétés des plantes médicinales et autres plantes à sortilèges se développent au mieux.

— Oh ! Cal, c’est incroyable, c’est exactement ça que je cherch…

Je n’ai pas fini ma phrase, car je suis tombée sur le dernier chapitre : « Sorts contre les ennemis ». J’en ai eu froid dans le dos. Qu’est-ce que ça signifiait ? Est-ce que la magye des plantes pouvait être utilisée à mauvais escient ? Cela me semblait presque un sacrilège. À moins qu’une sorcière ne doive connaître leurs propriétés nocives pour ne pas faire d’erreurs… Cette connaissance participait sans doute du grand cercle de la Wicca que Cal venait de mentionner.

Doucement, Cal m’a repris le livre et l’a coincé sous son bras.

— Je te l’offre, m’a-t-il déclaré en m’embrassant. Disons que c’est un cadeau de pré-anniversaire.

J’ai acquiescé, et le plaisir a chassé toutes mes préoccupations. J’aurais dix-sept ans dans huit jours. J’étais surprise et contente que Cal y pense déjà.

Nous n’étions jamais venus ensemble à Magye Pratique. Je l’ai suivi dans le magasin, et il m’a fait découvrir des trésors cachés. D’abord, nous avons regardé les bougies : il m’a expliqué que chaque couleur véhiculait des propriétés particulières et m’a indiqué les bougies correspondant aux rituels. Tous ces noms tournoyaient dans mon esprit, il y avait tant à apprendre ! Puis nous avons examiné des petites coupes dont les sorciers se servent pour recueillir du sel ou d’autres substances, comme l’eau ou l’encens. Cal m’a dit que, lorsqu’il vivait en Californie, Selene et lui avaient passé tout un été à puiser de l’eau de mer et à la laisser s’évaporer pour en récolter le sel. Ils en avaient tant obtenu qu’ils avaient pu l’utiliser pour purifier leurs cercles pendant presque une année.

Ensuite, il m’a montré des cloches de cuivre qui facilitent la formation de champs d’énergie pendant les cercles, de la ficelle, du fil et de l’encre chargés de magye. Des objets ordinaires que la magye avait transformés. Comme moi, ai-je pensé. Cette idée m’a fait rire. La magye était partout. Une sorcière vraiment puissante pouvait se servir de n’importe quoi pour renforcer la portée d’un sort. J’avais entrevu ces possibilités par le passé, mais, avec Cal près de moi, qui me dévoilait les choses sous leur jour véritable, la magye me semblait plus réelle, plus accessible et bien plus palpitante que jamais.

Et il y avait des livres dans tous les coins : à propos des runes, de la façon dont la position des étoiles influençait les sortilèges, de la magye médicinale, de la manière d’augmenter son pouvoir. Cal m’en a montré plusieurs qu’il me conseillait de lire. Comme il les avait chez lui, il m’a dit qu’il me les prêterait.

— Tu as déjà pensé à acheter une robe de cérémonie ? m’a-t-il soudain demandé en me désignant sur une tringle une robe en soie d’un bleu profond qui chatoyait comme un cours d’eau.

J’ai fait non de la tête.

— Je pense qu’à partir d’Imbolc, ce serait mieux que tout le monde en porte une pendant les cercles, a-t-il déclaré. J’en parlerai aux autres. Elles favorisent la magye : elles sont conçues pour ça et ne sont pas chargées des mauvaises vibrations de la vie quotidienne. En plus, elles sont confortables et pratiques.

J’ai acquiescé, caressant le tissu de différents modèles. Le choix était impressionnant. Il y en avait des unies, des peintes à la main ou décorées de symboles et de runes magyques. Elles avaient beau être toutes magnifiques, je n’ai pas eu de coup de cœur. Tant pis, Imbolc n’arriverait qu’à la fin du mois de janvier, j’avais largement le temps d’en trouver une.

— Et toi, tu en as une ?

— Bien sûr, je la porte pendant les cercles de ma mère ou quand je médite seul. Elle est blanche, en lin très épais. Je l’ai depuis des années. J’aimerais bien la porter tout le temps, mais je ne suis pas sûr que les habitants de Widow’s Vale apprécieraient le spectacle.

Je l’ai imaginé entrant dans un supermarché en longue robe blanche, et j’ai ri.

— Dans certaines lignées, les robes de cérémonie se transmettent de génération en génération, comme les outils magyques. On peut aussi les tisser et les coudre soi-même. C’est comme tout : plus on consacre ses pensées et son énergie à créer quelque chose, plus cet objet se charge en énergie magyque et plus il peut nous aider à nous concentrer lorsqu’on jette un sort.

Cal a soudain traversé l’allée pour attraper un article en haut d’une étagère. Un athamé : une dague cérémonielle de vingt-cinq centimètres environ. La lame en argent était tellement polie qu’elle pouvait servir de miroir. Des roses avaient été gravées sur le manche et la garde était ornée d’un crâne.

— Il est magnifique, non ? a murmuré Cal.

— Pourquoi il y a un crâne dessus ?

— Pour nous rappeler que, dans la vie, la mort est inévitable, m’a-t-il répondu doucement en faisant tourner la dague entre ses doigts. Il n’y a pas de lumière sans ténèbres, pas de joie sans peine, pas de rose sans épines.

Il a prononcé ces paroles d’un ton solennel, comme s’il était plongé dans ses pensées. J’ai frissonné, et il a levé les yeux vers moi.

— Peut-être qu’une petite veinarde l’aura pour son anniversaire.

J’ai haussé les sourcils, pleine d’espoir, et il a ri.

Comme il se faisait tard, nous nous sommes dirigés vers la caisse. Cal a acheté des bougies vertes, de l’encens et le livre sur les plantes qu’il voulait m’offrir. J’ai senti le regard d’Alyce se poser sur moi.

— Et toi, alors ? Tu n’as rien trouvé ? m’a-t-elle demandé gentiment.

— Non, pas aujourd’hui.

Elle a jeté un œil vers Cal.

— Je crois que j’ai quelque chose pour toi, a-t-elle lâché avant de se diriger vers les livres.

Elle se déplaçait avec une grâce surprenante pour une femme de son gabarit. Cal m’a lancé un regard interrogateur. J’ai haussé les épaules tandis qu’Alyce revenait vers le comptoir, ses jupes parme froufroutant autour de sa petite silhouette ronde. Elle m’a tendu un livre à la couverture marron unie.

— Les Woodbane : histoire et mythe, ai-je lu à voix haute.

Ce titre ma donné la chair de poule. C’était un des Sept Clans anciens, le clan maudit, célèbre pour sa quête de pouvoir à tout prix. Ses membres étaient maléfiques. Je ne comprenais pas où Alyce voulait en venir.

— Pourquoi est-ce que je devrais lire ça ?

— Parce que c’est un livre intéressant, qui dément beaucoup des histoires qu’on raconte sur les Woodbane, m’a-t-elle expliqué en me regardant droit dans les yeux. Tous ceux qui étudient la sorcellerie devraient le lire.

Ne sachant quoi répondre, j’ai sorti mon porte-monnaie. Je faisais confiance à Alyce. Si elle me conseillait ce bouquin, je le lirais. Pourtant, je sentais que Cal s’était crispé à côté de moi. Il ne semblait pas contrarié, mais paraissait sur la défensive. Je lui ai passé le bras autour de la taille et il m’a souri.

Nous nous sommes dirigés vers la porte, moi avec mes deux livres sous le bras – un que j’avais envie de lire, un autre qui ne m’inspirait pas du tout. Pourtant, je comptais les lire tous les deux. Même si je n’étudiais la magye que depuis deux mois, j’avais déjà appris une chose : la médaille a toujours son revers. Je devais prendre le meilleur et le pire, l’excitant et l’effrayant. Les épines et la rose.

Lorsque Cal a poussé la porte, la clochette a retenti. Il s’est soudain figé sur place, si brusquement que je lui suis rentrée dedans.

— Oups, ai-je lâché en reprenant mon équilibre.

J’ai jeté un coup d’œil dehors et j’ai vu pourquoi il s’était arrêté soudainement.

Hunter Niall se trouvait là, dehors, allongé sous la voiture de Cal.

L'éveil
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